Carretera Austral
Écrit par Seb   
Dimanche, 02 Mars 2014 15:39

Du 15/02/2014 au 28/02/2014, de Puerto Chacabuco à Bariloche.

La Patagonie, à nous les grands espaces!!


Les promesses n'engageant que ceux qui y croient, (...)


On débarque de notre croisière un peu tard, il faut donc se trouver un spot à bivouac. Dans nos rêves (surtout ceux de Julie...), en Patagonie plus de problèmes: des grands espaces, plus de clôtures, finies les propriétés privées, les barbelés et les "no pasar". Eh bien il faut vite déchanter, on doit faire près de 15km pour trouver un terrain vague à la barrière contournable... La suite ne sera que rarement meilleure pour nous autres nomades et adeptes du camping sauvage, il faut souvent batailler, fouiner, pour dégoter un endroit sympa ou au moins correct. On en a marre d'être comme des animaux dans un zoo... et au Chili comme en Argentine, dès lors qu'on est descendus des hautes montagnes on a eu tout le temps cette sensation. Tout est fermé, verrouillé, barrierisé, no pasaran! On est aux antipodes de la Norvège... D'autres ne vivent pas ça de manière aussi forte, soit parce qu'ils vont dans les campings, soit parce qu'ils n'hésitent pas à aller demander chez les gens.

La Carretera Austral donc: une route qui s'étend sur plus de 2000km entre Puerto Montt et Villa O'Higgins. Le but initial était de rallier la Patagonie au reste du pays, qui n'était avant accessible que par bateau ou depuis l'Argentine. C'est en général une route de ripio (graviers), avec des sections de goudron ou béton. La partie nord est en train d'être goudronnée, il faut donc composer avec des travaux sur plusieurs dizaines de kms, avec un état de surface parfois lamentable. Il faut surtout accepter que la route passe du statut de petite route sympathique à celle de large route goudronnée... Certes c'est plus confortable, mais une bonne partie du cachet s'envole, et l'aventure mythique de la Carretera Australe en prend un coup. C'est bon pour la croissance donc pour tout le monde, nous rabâche la propagande sur des panneaux énormes... cela va attirer de plus en plus de touristes (les gros 4x4 venus de Santiago), l'immobilier va se développer (de la résidence secondaire), les prix vont monter... du très classique.

En tout cas cette route attire les jeunes chiliens qui étaient très majoritaires dans les 100 cyclistes croisés en 4 jours (on a compté!), mais c'est un trip de mecs seulement. Chose incompréhensible pour nous, ils la font en aller-retour...

Sur les 100 on a revu notre couple tandemiste Natacha et Etienne qui nous on décrit une route parfois horrible; mais on a vu qu'ils n'étaient plus guère lucides sur les difficultés... Ils ont re-essayé de vendre le tandem quelques jours de souffrance plus tard, sans succès mais avec à la clé du repos chez une famille sympa. Eux n'ont pas peur d'aller voir les gens quand ils galèrent à trouver un logis, et ils ont essuyé pas mal de refus dans la région des lacs coté chilien (là où les grandes fermes à l'herbe verte et rase se succédaient sans répit). On a aussi rencontré des toulousains, Bergamote et Jérôme qui ont pédalé comme nous en Chine, mais aussi en Afrique... 

Les paysages sont agréables, de larges vallées qui se resserrent parfois, des petits cols, des rivières et des lacs... c'est bucolique, mais il y a tout le temps ces clotûres de part et d'autre, qui ferment notre champ de vision. On a du pot: seulement une matinée de crachin en deux semaines, et des températures agréables à chaudes. On fait une petite pause à Futaleufu, un spot réputé pour le rafting, puis on repasse en Argentine, non sans avoir planqué la bouffe susceptible d'être confisquée par les douaniers; mais en fait les argentins s'en fichent, ce sont les chiliens qui ne rigolent pas. Le paysage change en quelques kilomètres, c'est bluffant. L'eau ne coule plus partout, l'herbe est jaunie, et il fait 10°C de plus! On choisit d'éviter une route qui passe dans un parc, soit disant très jolie mais avec 2 hics: la présence d'un virus mortel (hanta virus) qui empêche de faire quoi que ce soit d'autre que rouler (interdiction de boire l'eau, s'y baigner, et camper dans le parc), et la taxe de passage. En gros il faut faire 80km d'une traite sur une mauvaise piste avec la quasi obligation d'aller dans les campings agréés à l'entrée et à la sortie. Le détour est entériné quand Julie m'annonce que ma jante est en train de s'ouvrir à 2-3 endroits supplémentaires... elle a pas bien aimé la piste parfois pourrie des derniers jours. Je joue donc régulièrement de la clé à rayons pour garder une roue roulable, et puis un frein arrière ça ne sert à rien!

L'arrivée à El Bolson est plutôt horrible: on retrouve nos ennemis les co**ar*s en bagnole qui nous frôlent à fond les manettes, les bus qui forcent le passage nous expédiant parfois sur le bas-coté. On est bien enervés quand on remet les anti-cons. J'ai dégoté une superbe branche énorme qui dépasse d'un bon mètre, et je compte le nombre de fois que les voitures la touchent... Les argentins au volant ne sont pas que dangereux, ils sont surtout débiles car ils ne comprennent pas quand on leur explique. Les chauffeurs de bus, eux, sont juste des meurtriers en puissance... Bref, El Bolson, bourgade hippie s'il en est nous accueille avec ses excellentes bières artisanales, et c'est très bien. Un dernier jour de repos et on rallie Bariloche l'oeil dans le rétroviseur, tout en essayant de ne pas se faire écraser par le prochain bus: "attention ma chérie, bus vert en approche!!!!". L'arrivée à Bariloche par le coté obscur confirme tout ce qu'on pensait de mal de cette ville: la décharge à ciel ouvert répand ses sacs plastiques sur plusieurs kilomètres alentours, c'est crade et moche avec des taudis et puis comme par magie on arrive au bord du lac avec son flot de touristes... Le soir on retourne au petit restau italien qui va bien, on a mérité notre tiramisu, et la boucle est bouclée.

Il ne reste plus qu'à prende le bus pour Buenos Aires, puis prendre le truc dont je ne peux prononcer le mot, et des amis dévoués viendront nous ramener à la maison :-))


Un rapide résumé Chili / Argentine:

-excellentes bières, plein de brasseries artisanales

-on parle comme des chiliens sans prononcer les s à la fin des mots, et on se fiche bien des argentins avec leur accent "chhh" (le ll et le y se prononcent ch)

-les gens sont accueillants et amicaux

-marre des clotûres aussi bien chez les uns que chez les autres

-les chiliens au volant sont plutot respectueux des cyclistes, les argentins sont des gros c******s (et biiiiiim la généralité!)

-gros c'est le terme: on voit nettement dans la population les ravages de la malbouffe; beaucoup de gens sont en surpoids, des gamins aussi. Faut dire que pour un gamin, chips/Fanta au petit déj...


(il manque les photos de Julie car toutes nos cartes microSD neuves ont lâché en 4 mois...)


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+/- Commentaires
Cyrilou   |03 Mar 2014 10:06
Bon, bien, l'Amérique du sud, c'est coché !
Vous allez pouvoir profiter des paquets de neige qu'il y a encore par ici maintenant, voire passer quelques jours à la neige à 1500 mètres si vous n'avez pas trop d'impératifs.
Barbamama  - ça fait rêver :-)   |04 Mar 2014 17:10
On ira dans le Diois l'an prochain alors ?!
bises
Berga et Jérôme  - Fin de la carretera   |12 Mar 2014 15:41
salut à vous deux
petit message des deux français rencontrés près du ventisquero colgante (puyuhuapi)
on est sorti en bonne santé (les vélos un peu moins ) de la carretera austral
ce n'était que du bonheur ... avec du recul
le passage de frontière entre villa o'higgins et el chalten est effectivement atypique, un peu sur le mode raid : 6 km de montée abrupte à pousser les vélos dans la caillasse, 10km de montée douce sur chemin forestier, 6 km de descente raide en forêt sur un sentier de rando, avec des cailloux, racines d'arbres, ruisseaux, champs de boue, où on a poussé voire porté les vélos
on est à el calafate, on continue notre aventure vers le sud
on vous souhaite plein de bonnes pour la suite, et de nouvelles aventures en perspective
abrazos

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