Le rêve bizarre |
Écrit par Seb | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mardi, 09 Novembre 2010 11:23 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
On fait tous des rêves un peu étranges, que seuls les gens les plus mystiques savent déchiffrer…
Depuis tout petit, je fais périodiquement le même rêve, où je m’imagine une contrée lointaine, inaccessible, reculée, que personne ne connaît, que tout le monde craint. Je visualise cette zone avec des noms bizarres, des couleurs foncées ; parfois j’y vois des bêtes improbables… Tolkien appelait cet endroit le Rhûn…
Faîtes l’expérience : sortez un Atlas (un vrai, pas googlemaps !), et visez ce territoire immense qu’est l’ouest chinois. Fermez les yeux, et imaginez ce qu’on peut y trouver… Humez l’air sec du désert, sentez la bise froide sur vos joues, essayez de discerner quel animal sort de derrière de monticule... Imaginez que vous êtes sur une route, coincée entre ce désert de plusieurs dizaines de milliers de km² et une chaîne de montagnes culminant à près de 6000m. Le long de la route, des taupes humaines creusent des centaines de trous, érigeant des centaines de monticules. « Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien fabriquer à creuser partout comme ça ? » Les taupes extraient divers minerais dont de la potasse. Le sous-sol est riche en sels, et renferme aussi du pétrole et du gaz. Après avoir vidé le trou, les taupes bâchent et vont creuser plus loin, abandonnant le site à son sort de trou vidé. Retour à la réalité. D’autres ont colonisé le territoire perdu avant moi. Reste le plaisir de pédaler dans un désert, de voir un ciel nocturne comme je n’en avais encore jamais vu : limpide, constellé, rayé par une voie lactée majestueuse, la Grande Ourse si basse sur l’horizon… Le plaisir de sentir le vent nous pousser, pour mieux nous ralentir le lendemain. 50km un jour, le double le lendemain pour le même effort : c’est la loterie désertique dont nous sortons plutôt gagnants. Sur la route entre Golmud, porte d’entrée du Tibet et lieu de passage du train le plus haut du monde -train reliant depuis peu la Chine millénaire aux hauts plateaux tibétains- et Xining, la capitale de la province du Qinghai, au désert succèdent d’abord de vastes plaines où subsistent deux lacs salés -un petit en voie de disparition et un grand qu’affectionnent des milliers d’oiseaux migrateurs- puis des vallées alpines. « C’est la Maurienne à l’envers ici ! L’autoroute, la route et la rivière se faufilent ensemble dans le défilé tortueux. « Zut, l’autoroute est interdite aux vélos maintenant…! Tant pis, ce sera plus direct ! » On aura quand même pris la première et seule sortie, au bout de 30km de descente… pour se rendre compte sur la route étroite et bondée qu’on était plus tranquilles et en sécurité sur l’autoroute ! On aura également pu sentir progressivement la présence tibétaine. D’abord des drapeaux à prière au sommet des montagnes, puis un peu partout sur le bord de la route. Les premières stupas, puis des temples, des moines dans leur tunique rouge foncée… A Xining, stupéfaction : pas le moindre scooter électrique en vue, ni le moindre vélo… Que des bagnoles ici. Dans mes rêves, y’avait encore plein de chinois sur des vélos dans les villes !! Frénésie consumériste dans les rues de Xining. Le sous-sol entier est une interminable succession de boutiques de fringues, chaussures, sacs et babioles… Les marchés sont par contre géniaux, on y mange de bonnes pizzas, crêpes et « sandwichs » pour garder des appellations occidentales ! On a même déjà nos petites habitudes… La suite ? Incertaine comme d’habitude ! Mais nous pourrions être rentrés d’ici deux mois, l’heure du retour ayant sonné.
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