La ville de la pierre (et des visas)
Écrit par Seb   
Dimanche, 12 Septembre 2010 11:40

Tashkent, capitale de la république d’Ouzbekistan –un des pays issus de la dislocation du bloc soviétique–, son aéroport et ses ambassades : visite guidée !

Ce soir, on se fait les intestins!

Aéroport de Tashkent, samedi 4 septembre, 1h37. Deux français en vrac devant la porte de sortie en train de remonter les vélos et la remorque, jouant la montre pour ne pas trop vite se retrouver...dehors, où attendent une centaine de personnes. Quelques uns s’approchent autour de l’attraction de la nuit, certains voudraient nous emmener à l’hôtel, d’autres changer nos dollars. Devant la porte de sortie, la foule s’écarte devant nos roues. Premier virage, le guidon tourne mais pas le vélo : j’ai oublié de resserrer ma potence ! Attroupement, « welcome in Tashkent ! », puis direction le centre-ville. Ici, toute voiture est un taxi potentiel, si le prix convient au chauffeur et au chauffé… Repos dans un petit coin, puis le soleil se lève et nous partons à la recherche d’un endroit où dormir. L’hôtel de la gare n’acceptant plus les étrangers, nous filons à l’autre bout de la ville. 9h, chambre négociée, nous sommes derrière un thé avec de la confiture et du pain ouzbeks, dans le grand patio frais de la guesthouse, notre « oasis » (Julie ayant ainsi nommé cet ilot occidentalisé dans l’océan d’ouzbeks parlant russe !).

Ambassade du Kirghistan, lundi 6 septembre, 10h52. Notre nom a bien été inscrit une heure auparavant sur un listing par un garde/policier, mais le consul est malade (ça, on l’apprendra le lendemain). Revenez à 15h, braves gens !

Ambassade du Kirghistan, lundi 6 septembre, 16h23. Depuis une petite heure, des gens rentrent après palabres avec les gardes. Ah, ce n’est pas chacun son tour ? Hardis, nous alpaguons un des gardes et risquons un timide « french cyclists visas ». Cela suffit et nous voilà à baragouiner anglais à un kirghize parlant russe, au travers d’une vitre. Papiers remplis, il suffit d’aller à la banque indiquée pour payer et revenir avec un reçu, pour ensuite récupérer les passeports avec les visas : fastoche ! Mais la banque est fermée (même si le banquier est assis derrière son bureau avec un client devant lui, et deux en attente). Soit, on reviendra demain !

Ambassade du Tadjikistan, mardi 7 septembre, 8h45. « Friend ! » Le garde m’a vu arriver, il laisse la foule qui parlemente avec lui pour nous entraîner derrière un buisson. « Friend, passeport, photo, and…. »… Frottement de l’index contre le pouce, regard en coin. Keuhaaaa ? J’ai fait essayé mon vélo la veille au soir –en repérage– à cet abruti en croyant que c’était devenu mon pote et qu’il nous ferait passer devant tout le monde… mais maintenant faut sortir les biftons. « Niet ! » Mais 1h plus tard, l’abruti refuse toujours de nous inscrire sur le registre. On ne rentrera pas si on ne paye pas. Dix dollars suffiront, après négociations encore une fois, pour passer devant tout le monde. Dans le premier bureau, le type inscrit 3000sums sur son registre, mais on paye le double. Prix d’ami sans doute… Deuxième bureau, on laisse les passeports qu’on peut revenir chercher le jour-même à 16h, enrichis du visa et du permis GBAO indispensable pour visiter les Pamirs. Fastoche !

Banque NBU, mardi 7 septembre, 11h08. « Keuhaaaa ? Il faut les passeports pour payer ces fichus visas kirghizes ? Mais je vous dis (en anglais à un ouzbek parlant russe) qu’ils sont chez les tadjiks ! Appelez-les si vous ne me croyez pas ! » Mais même le directeur du service (que j’ai vite demandé à rencontrer) ne me croît pas. « Maybe terrorist », dit le jeune employé cravaté servant de traducteur. Trente minutes de négociations à camper dans le bureau, avec plusieurs personnes s’impatientant derrière, n’aboutiront pas : la situation est bloquée, le niet est définitif. Il faut essayer d’obtenir un tampon tadjik sur nos copies de passeports.

Ambassade tadjik, mardi 7 septembre, 11h41. Les gardes ont changé, bizarre ! Je mime un trader pressé qui vient de téléphoner au consul, les gens s’écartent et le garde n’a pas le temps de comprendre, me voilà dans le bureau du tampon. « Keuhaaaa ? Vous ne tamponnez pas des pauvres copies pour payer la banque ? Raaaaah !! Appelez-moi le consul ! (…) Keuhaaaa ? C’est vous le consul ? » Dépité, je me demande comment faire diversion pour choper le tampon, là sous mes yeux. Le niet est définitif, mais j’ai le téléphone perso du consul et son nom gribouillés sur un papier.

Banque NBU, mardi 7 septembre, 12h02. Trader qui téléphone, garde qui proteste, trader qui s’en fout. Le banquier est tout seul, « Consul tampon niet, phone him ! ». Mais c’est l’heure du déjeuner, il faut revenir dans une heure.

Banque NBU, mardi 7 septembre, 13h02. Le banquier a le consul au téléphone. Mais le niet est franc : « original passeport » sinon rien. Le trader n’est pas content, direction le bureau du directeur, qui tarde à revenir de sa pose déjeuner. Je tends le bout de papier au type, qui ne veut pas appeler le consul et préfère signer les tonnes de paperasse que sa secrétaire lui tend. Un type surgit dans le bureau, me serre la paluche (m’écrase le doigt pas encore complètement remis) et s’avachit dans le fauteuil en face du mien. Le jeune traducteur est de la partie lui aussi, et explique la situation au nouveau type. Celui-ci prend le téléphone et appelle le consul. Victoire ! Je n’ai plus qu’à refaire un aller/retour –6km au moins– chez les tadjiks pour récupérer les passeports à 15h, suffisamment tôt pour revenir à la banque avant qu’elle ne ferme, et surtout pour apporter aux kirghizes les précieux reçus de paiement ! Le nouveau type était un gars de la police, j’en n’en saurai pas plus.

Ambassade tadjik, mardi 7 septembre, 15h00. Cette fois ce n’est plus la même : à peine arrivé, un garde me fait rentrer par la porte dérobée, direct devant le consul. Passeports en poche, il ne reste plus qu’à aller payer à la banque où bizarrement, tout se déroule sans accroc.

Gulnara Ghesthouse, vendredi 10 septembre, 16h. Coup de fil de Jama de l’agence Sindbad : nos visas chinois sont prêts et il nous rapporte nos passeports. Fin du marathon Visas, nous avons réussi l’exploit d’obtenir 3 visas en 5 jours. Pour cela, pas mal de $$$, de protestations, d’attente, de rebondissements et une bonne demi-douzaine de dizaines de kilomètres à vélo.

Direction la mythique cité de Samarkand !

Себастъ (Жули з дэрьзр!)

 

Amir Timur, fondateur de l'Asie Centrale, sur son cheval

 

76, boulevard de Clichy
75018 Paris
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+/- Commentaires
Cyril du Monêt'  - le voyage peut continuer...   |12 Sep 2010 20:59
Bon, bein, vous êtes débarrassés... jusqu'à la prochaine fois !

Z'avez eu un peu de temps pour visiter Tashkent ou bien ?
Y'a des choses à voir ?

Je pense bien à vous et attends les prochaines nouvelles.
Clem   |12 Sep 2010 22:45
Bravo pour le marathon !
Si ça n'était pas arrivé, ça aurait manqué de charme je trouve… vu d'ici en tout cas !
Bea   |13 Sep 2010 10:38
Vous réussissez à avoir un visa de 3 mois pour la chine en 5 jours à Tashkent et vous n'arrivez pas à avoir un visa de transit pour la Russie...avouez que vous avez pris l'avion pour le plaisir ! c'était bon hein !

(pour Tashkent, j'avais bien aimé l'Opéra)
julie   |17 Sep 2010 11:23
@bea: Disons que c est plus facile de s occuper des visas quand on est dans une capitale avec les passeports avec soi! Sinon le visa chinois rien de plus facile: tu sors 150 dollars et ton passeport et c est l agence qui s occupe de tout

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