Les ouzbeks sont-ils anticapitalistes ?
Écrit par Seb   
Samedi, 18 Septembre 2010 09:09

Farouches défenseurs d’une conception du travail à l’opposé des canons managériaux en vigueur en Occident, les Ouzbeks résistent. Anti-enquête sur place.

La capitale ouzbek est une ruche où les abeilles klaxonnent. La cité est un exquis mélange d’Orient –bazaars, mosquées, femmes voilées–, de Russie –inscriptions en cyrillique, russe parlé dans la rue, imposantes bâtisses issues de l’époque soviétique– et d’Occident –publicité géantes (merci Decaux UZ), fringues des filles branchées (ou pas), enseignes–. Mais ce qui frappe encore plus, c’est l’extraordinaire degré de non-efficacité au travail qu’ont atteint les ouzbeks. On peut, de prime abord, croire à de la nonchalance  Difficile de départager les banquiers des guichetiers, qui se partagent la palme. Par exemple, le simple achat d’un billet de train prend une bonne dizaine de minutes, en sachant à l’avance le nom du train souhaité, son horaire et même son prix… La procédure d’obtention du ticket est comme suit : 1)signaler sa présence (ce n’est pas parce que vous êtes derrière un guichet que vous voulez quelque chose) 2)formuler sa requête 3)attendre que la requête soit assimilée, puis traitée –point pouvant être long et pouvant requérir l’intervention d’une tierce personne– 4)confirmer le point 2 5)reconfirmer le point 4 6)payer 7)attendre que le paiement fasse effet 8)demander la monnaie 9)attendre la monnaie puis encaisser 10)prendre son billet 11)dire au revoir.

Globalement le client n’est pas roi, et en fin de compte après l’étonnement puis l’énervement, c’est assez drôle et même assez sain puisque pour obtenir quelque chose, il faut vraiment le vouloir ! Et ça, c’est totalement anticapitaliste puisque les gains de productivité sont impossibles à obtenir. Marchander pendant trois plombes pour prendre possession d’un pain, d’un melon et de quelques gateaux n’est absolument pas compatible avec une accumulation rapide de produits de consommation. Comment voulez-vous consommer frénétiquement pour alimenter un non-moins frénétique PIB dans ces conditions ? Si on ajoute une monnaie qui fluctue allègrement, et un marché noir qui se porte à merveille, on a tous les ingrédients pour une belle poche de résistance issue de l’ex-union soviétique. Si les soviétiques avaient pu deviner qu’ils s’opposeraient ainsi à l’Amérique, il auraient surement précipité leur chute…

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